L’art du Kintsugi
A la fin du XVe siècle, le shogun Ashikaga Yoshimas cassa son bol de thé préféré. Il le fit renvoyer en Chine pour le faire réparer. Le bol revient réparé avec de vilaines agrafes métalliques, le shogun demande alors à ses artisans japonais de chercher un moyen de réparation plus esthétique. C’est ainsi qu’est apparu le Kintsugi ( 金継ぎ).
Le mot vient du japonais « Kin » signifiant « or » et « tsugi », « jointure » et signifie donc littéralement « jointure en or ». Il s’agit d’une technique japonaise qui consiste à réparer des céramiques cassées avec de l’or.
Ce procédé utilise une laque (urushi en japonais) pour recoller les morceaux et alors que la dernière couche de laque est encore humique, de la poudre d’or est délicatement appliqué sur les fissures afin de souligner leur éclat.
C’est un art qui demande beaucoup de temps, de rigueur et de précision dans les gestes. En général, une œuvre nécessite un mois de travail en moyenne et les plus belles créations mettent plus d’un an à être réalisées.
Appliquer le Kintsugi pour sublimer ses imperfections
Le Kintsugi enseigne que la beauté réside dans les imperfections et les marques laissées par le temps. Comme chaque cicatrice est unique, elle est célébrée plutôt que cachée.
Transposer cet art dans notre vie nous offre une manière profonde de vivre nos épreuves et d’accepter nos imperfections. Cet art nous enseigne que nos épreuves, nos failles ne sont pas des échecs mais des opportunités de renaître transformer et d’être plus résilient.
Ces fissures peuvent se manifester par une douleur émotionnelle, des traumatismes passés, des relations ratées, des revers de carrière ou toute autre expérience qui nous ont laissé brisé. Cette philosophie nous invite à résister à l’envie de cacher nos vulnérabilités. Le déni et l’évitement ne feront qu’entraver notre cheminement vers la guérison. Elle nous encourage à reconnaître et accepter nos failles. Elles font partie de notre histoire et les accepter nous permet d’être plus authentique avec nous même et notre entourage.
La métaphore de la poudre d’or nous invite à combler les manques en faisant preuve d’auto compassion pour retrouver un second souffle et laisser la vie circuler à nouveau.
Faire preuve de patience et de pleine conscience
Dans un monde, qui valorise vitesse et perfection, il est important de se rappeler que se reconstruire demande du temps. Le chemin de la guérison requiert minutie, patience, délicatesse et concentration. Si on brûle les étapes alors les plaies pourraient s’ouvrir et s’infecter à nouveau.
La patience s’applique également à notre façon de regarder les autres. C’est comprendre que chacun porte ses propres failles et ses réparations renforce notre empathie et nouent des connexions plus profondes. C’est nous rappeler que la perfection que la perfection n’est pas une condition préalable à l’amour ou à l’acceptation.
Le Kintsugi ne se résume pas à juste coller deux morceaux ensemble. C’est un rappel à apprécier le moment présent, à trouver la beauté ici et maintenant. Cela peut se traduire dans notre vie quotidienne par des activités de pleines conscience, par la méditation, par la tenue d’un journal de gratitudes, suivre une thérapie ou s’investir dans toutes activités qui nous apportent de la joie et de l’épanouissement.
Faire preuve de compassion envers les autres
Nos relations, comme la poterie, sont délicates et susceptibles de se fissurer. Les malentendus, les disputes et les erreurs peuvent mettre à rude épreuve même les liens les plus forts. Le Kintsugi nous encourage à reconnaître les imperfections des autres. Plutôt que de se débarrasser des relations qui vacillent, nous pouvons travailler à les réparer avec le pardon, la communication et l’amour.
En reconnaissant les difficultés auxquels ils sont confrontés, nous cultivons plus d’empathie et de compassion. Nous pouvons être en mesure de leur offrir de la compréhension et une écoute attentive.
Conclusion
Le Kintsugi est plus qu’un art, c’est un mode de vie. Nos expériences, qu’elles soient positives ou négatives, font de nous des êtres uniques. Le Kintsugi nous invite à ne plus nous focaliser sur ce qui est blessé mais sur la manière de le réparer.
En apprenant à célébrer nos cicatrices, nos vulnérabilités, nous abordons les défis avec plus de résilience. En appliquant la philosophie du Kintsugi nous transformons le regard que nous portons sur nous même, sur nos relations et sur le monde qui nous entoure.